Grue Cockerill GD 581

Grue Cockeril le 18 avril 2015

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Grue Cockerill le 18 avril 2015

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Article extrait du journal La Montagne du 19 avril 2015

La Montagne, du dimanche 19 avril 2015

PATRIMOINE – Une grue Cockerill, mise à disposition de l’AAATV-MO, est arrivée hier à la Rotonde

 

Une pièce unique du monde ferroviaire

Dernier engin de ce type au monde, une grue Cockerill 85t GD 581, utilisée pour lever des trains, est arrivée, hier matin, à la Rotonde

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Sophie Garnier montlucon@centrefrance.com

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C’est une véritable épopée qu’a vécue la grue Cockerill avant son arrivée à Montluçon hier matin.

« Il n’y a eu que quatre exemplaires de cet engin construit en 1945 », explique Denis Archeny, Président de l’AAATV-MO qui a organisé son rapatriement. « Après soixante ans de bons et loyaux services, elles n’avaient plus d’utilité, et ont fini ferraillé, sauf celle-ci qui, en bon état, a été acheminée au Musée français du chemin de fer de Mulhouse, dans la collection patrimoniale de la SNCF. Mais ils n’avaient ni la place ni les fonds pour l’exposer et elle a donc fini presque abandonnée sur une voie ferrée, couverte  de tags et de végétation.

Une seconde vie

Un destin dont elle a finalement réchappé grâce aux bénévoles de l’AAATV-MO, qui se sont mobilisés pendant plus de trois ans pour la faire venir à Montluçon. « Quand nous avons appris son sort en novembre 2011, nous sommes allés la voir et nous nous sommes rapprochés des responsables du musée pour proposer sa mise à disposition au profit de notre association. Nous avons signé une convention. Techniquement, elle est toujours à l’inventaire de la collection SNCF, mais nous l’avons à disposition pour quinze ans. » Une durée qui pourra être prolongée si besoin, car la grue ne trouvera pas à Montluçon sa dernière demeure, mais une seconde vie.

«  Le but, ce n’est pas de la stocker ici de l’y laisser, déclare Denis Archeny. Elle ne nous appartient pas, et une fois remise en état elle va être appelée à voyager un peu partout en France, pour des expos, des manifestations… »

Une restauration ambitieuse, qui a pour but de valoriser un élément unique dans le paysage ferroviaire français. « C’est une belle machine, affirme jean martin, de l’AAATV-MO. C’est un massacre de détruire ou de laisser ce genre d’ouvrage à l’abandon. On se bat pour faire prendre conscience aux gens de la valeur que peut avoir ce genre de chose. »

Remise en état

Mais il reste encore un peu de travail de remise en état, l’engin de 116 tonnes ayant passé un certain temps sans entretien. « Avant de la faire venir, nous avons dû réparer un essieu défectueux. La lever a été un défi, car nous n’avions pas les moyens nécessaires, mais grâce aux cheminots locaux et à une équipe spécialisée près de Strasbourg cela a été rendu possible. L’essieu a été réparé en Allemagne. Ce n’est qu’un an après, une fois l’essieu remis en place, qu’elle a été finalement apte à circuler. Enfin, nous avons pu la faire venir à Montluçon, après une étape de remise en état à Dijon, son dépôt d’origine, où nous avons retrouvé d’anciens grutiers qui l’avaient conduite ! »Capable de rouler après cette phase de travaux puisque son moteur thermique « a démarré quasiment au quart de tour », la grue a pris le chemin de Montluçon ?

Nous avons procédé par paliers, raconte Denis Archeny, en la faisant d’abord rouler aux alentours de 20km/h avec des pauses régulières. Puis, voyant que tout se passait bien nous avons accéléré régulièrement jusqu’à 80 km/h. »

Une allure rendue possible par les locomotives de tractage, puisque la grue elle-même n’est autonome en déplacement qu’à la vitesse de 4 km/h.

« Il reste encore des choses à faire pour la remettre totalement en état, déclare Jean Martin, notamment une réfection du système de freinage. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a été acheminée dans un convoi de cette importance, pour des raisons de sécurité. »

Conscient du chemin parcouru, le président n’a pu cacher son enthousiasme. « Aujourd’hui, conclut-il, on va savourer notre bonheur ! »

 

Témoignage du paysage industriel du siècle dernier

Construite par les établissements Cockerill à Seraing en Belgique en 1945, la grue Cockerill 85T GD 581 est avec ses 116 tonnes la plus importante grue ferroviaire historique préservée sur le territoire national.

Cette grande dame se compose de trois wagons, un pour la grue proprement dite, un porte flèche et un wagon agrès  contenant le matériel nécessaire à son utilisation.

« Au départ, elle fonctionnait à la vapeur, explique Jean Martin, de l’AAATV-MO. Puis en 1970 on l’a équipé d’un moteur diesel qui alimente les moteurs électriques du treuil et des mouvements de translation. Aujourd’hui grâce à l’hydraulique, on ne se sert plus guère des grues ferroviaires, excepté quand il y a un dénivelé fort. »

La réparation de l’essieu a couté dans les 10 000€

Pour préserver ce témoignage de l’industrie, l’AAATV-MO a fait appel à la Fondation du Patrimoine, et a entamé une souscription publique pour collecter des dons pour la réfection, de la grue. « Avec la réparation de l’essieu, qui a couté dans les 10 000€, nous avons engagé près de 15000€ pour ce projet, explique Denis Archeny. Actuellement, ce que nous avons collecté et l’aide de la Fondation du Patrimoine nous a permis de couvrir 70% des dépenses. »

Stockée à la Rotonde, la grue Cockerill est actuellement en rénovation en vue du Festirail.

 

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Date de dernière mise à jour : mercredi, 14 février 2018